mardi 4 août 2009

Lundi 3 août




Death Valley

La soirée d’hier s’est terminée tard dans un bar du MGM Casino rempli de hordes criantes célébrant des futures mariées. Un taxi vient chercher Marco à 6h pour l’emmener à l’aéroport. Pour ma part le lever se fait à 7h, aujourd’hui il faut sortir tôt. Jeremy, un ami de Guy, veut venir avec moi pour l’excursion du jour. On récupère sa voiture dans le garage Fort Knox et sortons de Vegas vers 8h30 par la 95.

Jeremy et sa voiture aiment rouler vite, alors on survole les déserts poussiéreux vers le nord-ouest. Arrêt essence et sandwichs à emporter dans un bled nommé Beatty, avant de tourner à gauche sur une droite à perte de vue. On passe le col d’une petite montagne et entrons dans Death Valley. Une large vallée au fond de laquelle on perçoit des surfaces blanches, sans trop comprendre ce que c’est. Première décision : tourner à droite, faut bien choisir une direction quand on sait pas trop à quoi s’attendre.
On voit des voitures garées alors on s’arrête aussi, et d’un coup on réalise qu’on est face à des dunes de sable blanc à perte de vue. On monte sur l’une d’elles, le sable qui glisse sur mes pieds est brûlant. Mais l’air n’est pas trop chaud, on nous aurait donc encore survendu ce site affichant le deuxième record du monde de chaleur.

On revient sur nos pas et descendons vers le fond de la vallée où se trouve le point le plus bas du pays, -282 feet. Ca ne fait pas grand effet, on se rend pas compte de l’altitude en négatif. Dans le bassin de Badwater se déroule une langue de terre salée, sorte de piste blanche au milieu des tons marron, gris et noir des montagnes environnantes. On s’était dit qu’on mangerait ici, assis sur le seul banc repéré dans le parc, mais je sens que ça va être difficile. D’habitude je ne crains pas trop la chaleur, mais là ça va juste pas être possible. On mange donc dans la voiture, air conditionné à fond. C’est pas très écologique mais je ne vois pas d’autre solution. En repartant, je regarde le thermomètre de la caisse et comprends pourquoi : il fait129°F, autrement dit 54°C. Je n’avais jamais connu une telle chaleur. Mon regard sur Death Valley commence peu à peu à changer. Je regarde les énormes cailloux détachés des montagnes et les pics rocheux d’un autre œil, je réalise tout d’un coup qu’il n’y a aucune végétation autour de nous, pas une fleur, pas un animal quel qu’il soit. Aucune existence, rien de vivant. Tout est sec, brûlé, mort.

En repartant de Badwater Basin un panneau indique Devil’s Golf Course, on tourne à gauche, roulons au milieu de la vallée plate et blanche et arrivons sur un parking circulaire. D’abord je ne comprends pas ce qu’on est censé y voir, puis je m’aperçois qu’on est entouré de blocs de sel cristallisés faisant parfois près d’un mètre de haut. Il n’est pas recommandé de marcher dessus, les bords étant tranchants comme du verre, mais je m’aventure quand même au milieu de ce champ de météorites salés sur mes sandales. Pas une super idée, mais je reviens en un morceau. Les sandales en revanche semblent mal résister à la braise dans laquelle on est baigné et j’ai la sensation qu’elles commencent à fondre.

A partir de maintenant on ne descendra de voiture que quand ça aura l’air de vraiment valoir le coup, et le dernier arrêt se fait à Zabriski Point, un belvédère surplombant une vallée plus petite entourée de montagnes multiformes et multicolores. On quitte le parc par la 190 en atteignant des pics de vitesse à 220 km/h, le genre de conduite possible seulement parce que les routes sont rectilignes et très peu fréquentées. Une expérience à l’opposé de celle que fait vivre Death Valley, où tout est figé par la chaleur désormais insupportable. Je reconnais la limite de ma résistance physique et tire humblement mon chapeau aux Natives qui ont vécu ici, ainsi qu’aux nombreux mineurs ayant longtemps extrait du borax des plaines salées.

De retour à la civilisation on passe au supermarché pour préparer un bon dîner pour Guy qui revient du travail vers 19h. Thon grillé et salade, il faut faire le plein d’aliments frais avant de repartir sur la route des motels et des diners. On passe la soirée sur le balcon, la chaleur redevient respirable à 22h, les garçons jouent avec leurs blackberrys pendant que j’admire les lumières de Vegas qui scintillent sous nos pieds.

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