samedi 25 juillet 2009

Vendredi 24 juillet


Le jour le plus long

J’arrive bien à l’heure à Roissy. D’abord une heure pour enregistrer, puis il n’y a qu’un seul mec dans tout l’aéroport pour vérifier les cartes d’accès à la zone d’embarquement alors on refait la queue en s’énervant et en se roulant les valises sur les pieds des voisins. Passage à la sécurité avec ses bacs plastique à remplir de bombes éventuelles. Le temps que j’atteigne le gate ils en sont au dernier appel pour embarquement immédiat. Mon siège dans la dernière rangée, juste à côté des WC, est un de ceux dont on ne peut incliner le dossier. Neuf heures de vol c’est long, «it’s a torture» dira la fille coincée sur le siège du milieu. Je l’avais déjà remarquée à l’enregistrement parce qu’elle est jolie, les traits bien dessinés, les cheveux noirs épais. Vue de près, il s’avère en plus qu’elle a une dentition parfaite.

Je sens qu’elle a envie de parler et comme nous approchons de la fin du voyage, je me montre plus ouverte. C’est sa première fois en Europe, elle et son ami reviennent d’un mariage dans le sud de la France. Ils vivent à Los Angeles, ah bon et c’est comment ? C’est sympa parce qu’on surfe tous les deux, on aime bien le hiking et partir skier alors c’est pratique. Maintenant c’est vrai qu’il y a beaucoup de voitures et plein de bouchons, mais avec le métier qu’on fait on est pas prisonniers du 9 à 5. Des fois on bosse intensément, des fois pas du tout alors on s’organise comme on veut. Parce que vous faites quoi ? «We’re actors» répond-elle en baissant les yeux, l’air gêné et en même temps des étoiles plein les yeux. Et la crise, vous en sentez les effets ? Oh oui, il y a moins de travail. Les acteurs finissent par accepter des rôles qu’ils n’auraient jamais envisagé autrement, y en a même qui font d’autres métiers. Beaucoup de gens quittent la ville, ils n’ont plus les moyens de payer leur morgage. Ca fait un écrémage quoi, à la fin on verra qui étaient les vrais, ceux qui auront survécu la crise. Faut juste tenir le coup. Parce qu’il n’y a aucune caisse d’assurance pour les acteurs. La crise financière est venue avec celle de l’immobilier et en plus la grande grève des scénaristes, LA a été triplement frappée. Et Obama, vous en pensez quoi, c’est l’homme de la situation ? Certainement. Inutile de rappeler que les grandes villes des côtes sur plutôt Démocrates. Au moment où l’avion entame la descente, la jolie brune me propose un Hollywood chewing-gum. Je trouve ça très à propos.

Une fois posé à Charlotte – North Carolina, on nous dit de rester assis. Le service d’immigration est surchargé et ils ne peuvent pas nous laisser descendre. Alors on attend dans ce tube métallique qui chauffe peu à peu dans le cagnard. Une fois dans la salle de débarquement glacée, on attend encore une heure le temps de passer la douane. Mon prochain vol décolle dans 20 minutes alors je cours avec les forces qu’il me reste récupérer mon sac, l’enregistrer de nouveau, repasser à la sécurité. Je galope dans le dernier couloir en tenant mon pantalon, pas eu le temps de remettre la ceinture, et les baskets à peine relacées jusqu’au satellite. Dans le haut-parleur, j’entends le type dire que dans 3 minutes ils attribuent les places vides aux passagers qui attendent en stand-by. Haletante et tremblante d’hypoglycémie, je tends ma précieuse carte d’embarquement, le gars me dit un truc que je mettrai plusieurs secondes à comprendre, « voos èt yne bel famm ». Encore 5h de vol. Il me reste quelques dollars pour acheter un sandwich plastique et m’étonner, avant de m’endormir, de la taille des hôtesses qui ont du mal à passer entre les sièges.

A San Francisco Manuella m’attend à la livraison des bagages, Felitia nous récupère à l’entrée de l’aéroport et on part direct dîner à Castro, le district gay. Je demande un Red Bull pour me tenir éveillée, bois une grosse gorgée et me rends compte que le barman a dû prendre pour acquis que le Red Bull se servait avec vodka (et pas un peu). Des amis nous rejoignent, je suis à moitié les conversations mais note surtout cette remarque : « You can’t get drunk on a steak ». On rentre chez Felitia vers 23h. Jane, sa chienne, nous fait la fête. Au-dessus du lave-linge dans la cuisine est affichée une carte routière des US avec le tracé de tous les roadtrips que Felitia a déjà réalisés.

Ça fait plus de 24h que je suis debout et la fatigue semble passée, j’ai dû louper mon cycle de sommeil. Demain ça repart dès 8h30.

1 commentaire:

  1. Un commencement sur les chapeaux de roues. Bien joue! Une vraie pub Narta. Je cours je cours, les cheveux dans le vent, en faisant des arabesques et des entrechats entre les valises...Narta! et des moustachus a casquette, tous ebobis, n'en croient pas leurs yeux. De la sauce barbecue s'ecoule de leur lippe entrouverte...Narta! Le stewart court t'acheter des fleurs et psalmodie son meilleur francais "Ca seou nai po dou dejavouh"...Narta!

    RépondreSupprimer