lundi 27 juillet 2009

Lundi 27 juillet





"But I swear it was in self-defense"


Ce matin on se laisse dormir, Marco a du sommeil à récupérer et moi je me remets de mes émotions d’hier soir. Suis pas dans mon assiette, ça m’a pas mal affecté cette interaction avec Kelly. Quelques heures de réflexion plus tard, j’y verrai plus clair et arrête d’y penser. On quitte le motel vers 11h à la recherche d’un truc à manger et tombons sur un café, juste à côté du Sundance Yoga Center, qui ressemble étrangement aux cafés hip des campus universitaires côtiers. Je demande à la jeune blonde derrière le comptoir s’il y a beaucoup de touristes de passage dans la ville, oh oui, Sundance est à l’intersection de plein de parcs nationaux. Le tourisme est très bon pour le business. Ah d’accord, parce qu’hier soir on a eu une drôle d’interaction dans le bar. I’m not surprised, oldtimers don’t really like new people. Elle par contre aime bien rencontrer des étrangers, c’est pour ça qu’elle travaille ici.

On fait un tour dans le Magasin vendant des bijouteries et peaux Natives avant d’entamer la petite route qui nous mènera à Devils Tower. Ce pic rocheux, qu’on voit dans Rencontres du 3ème type, est le premier monument naturel classé comme tel des Etats-Unis. Le genre de formation bizarroïde de la nature qui laisse sans voix. Incompréhensible de voir ce truc gris verdâtre qui sort de nulle part, dans une région plutôt plate et boisée par ailleurs. Aux alentours la terre est rouge ou bien composée de prairies desquelles sortent des marmottes, elles ne sont plus effrayées par les touristes et posent même devant la caméra. On fait le tour de l’édifice à pied, une balade de 45 minutes entre sapins et gros cailloux qui se sont détachés il y a des milliers d’années.



Retour à la voiture vers 14h, on rejoint la 90 à Moorcroft où on s’arrête prendre du carburant ; du café pour Marco, de l’essence pour la voiture et des photos des villageoises à cheval pour Magda. Pendant que Marco s’occupe de la voiture, je vais lui chercher le café. La fille me demande tout de suite d’où je viens, de Suède – Europe, Oh that’s we’re you say « oui » for « yes » ? Euhm non, ça c’est en France. Pourtant elle avait vu un film sur une nageuse professionnelle qui était Suédoise, ça y est ça me revient, elle disait « jaaaa ». Voilà, ça c’est du suédois. Marrant qu’elle ait fait cette confusion entre suédois et français, je n’avais pourtant pas révélé mon identité française. « Muurcee » dit-elle quand je pars, have a nice one. La route est belle, vallonnée et verdoyante. A l’approche de Gillette, Marco se gare sur le bas côté, retire les clés et pose ses mains sur le volant. Qu’est-ce qui se passe ? Un State Trooper, chapeau de shérif vissé sur la tête, vient nous voir. Vous allez où comme ça ? A Yellowstone, je sais que j’ai dépassé la limitation de vitesse, désolé. Papiers du véhicule et permis siouplé, voici. Il retourne à sa voiture quelques minutes et revient avec un PV. Alors voilà, la route est limitée à 75 mph, vous étiez à 85 alors vous avez deux possibilités. Ou bien vous vous présentez au Court House de Gillette le 27 octobre, ou bien vous payez l’amende par voie postale. D’accord. Et je vous ai enlevé $10 parce que vous aviez bouclé la ceinture. Merci. Le Trooper avait surtout enlevé 10 mph à son calcul, ce qui a considérablement baissé la note, c’est cool. On paiera par chèque, le tribunal de Gillette est un peu loin de Boston et de Paris…

On redémarre en respectant la vitesse indiquée. Le ciel se couvre devant nous, c’est drôle de voir les nuages de pluie se former à l’œil nu. Heureusement il ne pleut pas par ici. Je sors la caméra pour filmer ces jeux de lumière mais ai à peine le temps de l’allumer que tout devient blanc compact autour de nous. Quelque chose de fort et bruyant s’abat sur nous, on ne voit même plus le bout du capot, toute la voiture tremble. Marco essaye de ralentir mais la route est sous l’eau et on risque l’aqua-planning. Et si on ralentit trop vite, quelqu’un risque de nous rentrer dedans par derrière. La scène se passe en quelques dixièmes de secondes, mais on a le temps de considérer une infinité de paramètres. Dont le cadrage de la caméra que je garde cramponnée dans ma main. La pluie se transforme en grêle, on roule à 2 à l’heure et finissons par sortir de la route pour rouler dans l’herbe au cas où quelqu’un arriverait derrière nous. Quelques minutes plus tard on y voit plus clair, les voitures sont arrêtées le long de l’autoroute warnings allumés. En passant à hauteur d’un motard on baisse la vitre pour demander si on peut faire quelque chose pour lui ? C’est peu dire qu’il est trempé jusqu’à la moelle. Lui rigole, il ne reste plus que ça, alors que ça femme est hystérique. Bon courage les gars.

On arrive enfin à Sheridan. Arrêt salade-plastique dans un Mc Do à 17h avant d’entamer la route des montagnes qui nous conduira enfin à Yellowstone. Le problème est qu’on ne voit même pas les montagnes, tellement le ciel est bas et pluvieux. On a pas le choix de toute façon, alors on s’engouffre dans les nuages. La visibilité se limite à quelques mètres, de plus la route est en reconstruction et les nids de poule ponctuent les coulées de boue. Soudain les nuages se lèvent et on découvre des paysages magnifiques, vallées, prairies, canyons, rouge, vert, arbres brûlés. Sur les coups de 20h on entre dans Greybull, 1800 habitants, une rue principale avec des bars sans fenêtres et des magasins fermés. Une gare ferroviaire industrielle. Un feu de croisement. On prend une chambre au A Maverick Motel dont les façades et parking sont emplis d’objets de décoration difficilement identifiables. Tom le patron nous fait signer un document nous engageant à payer $750 si nous fumons ne serait-ce qu’une cigarette dans une de ses chambres. Ok tout doux, ça va bien se passer.

Sur le perron on discute avec Bill le voisin qui est ici depuis bien trop longtemps déjà (février). Il travaille à la gare ferroviaire comme conducteur, mobilisable 24/24 selon les interminables trains de marchandises arrivant dans la région. Ce soir on n’ira pas dans le Bar parce que la route sera longue demain. Tant pis pour les interactions à surprise avec les locaux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire